Bon, j'y vais de ma petite tentative d'explication...
Dès lors que l'on réalise un exercice physique, la demande énergétique de l'organisme augmente par rapport aux valeurs de repos. Cette demande énergétique est exprimé en millilitres d'oxygène par minute et par kilo de poids de corps :
ml/min/kg d'O2.
Au repos, l'organisme consomme 3,5 ml/min/kg d'O2. A l'exercice cette demande métabolique augmente jusqu'à atteindre son plus haut niveau :
VO2max. Pour un sportif correctement entraîné, les valeurs tournent autour de 55 - 70 ml/min/kg d'O2, mais chez des athlètes hyper entraînés, on crève les plafonds (Kilian JORNET doit être -de mémoire- à 94 ml/min/kg d'O2 !
).
Revenons à nos moutons ! Lors d'un exercice, l'intensité fixée (dans le cadre d'un test par exemple) ou choisie (lorsque vous êtes libres de pratiquer à votre rythme) impose une demande énergétique à l'organisme.
Exemple : courir à 12 km/h requiert 50 ml/min/kg d'O2.
Bien des coureurs sont capables d'atteindre ces valeurs. Le hic, c'est que la filière aérobie est
lente à être prépondérante dans la fourniture d'énergie (et non pas lente à se mettre en action, puisqu'elle se met en action dès le début de l'exercice ! En revanche elle ne devient la principale source de fourniture en énergie pour l'organisme qu'après 2 à 3 minutes).
L'organisme va donc utiliser des sources d'oxygène présentes dans l'organisme : celui stockée sur l'hémoglobine et la myoglobine, ainsi que le peu qui circule déjà dans le sang. Ainsi l'organisme fournit (toujours exemple !)
35 ml/min/kg d'O2 à l'organisme.
Celui-ci vit donc "à crédit" de
15 ml/min/kg d'O2 :
il contracte une dette d'O2 !
Pour ceux qui ont tout compris, vous avez là également l'explication des débuts de course prudents de certains coureurs : ils préfèrent contracter la plus petite dette possible et rattraper plus tard ceux qui ont vécu avec un trop gros crédit et se retrouvent "dans le dur" après quelques kilomètres à peine.
Jaguar blanc a écrit:Je m'explique, si j'ai une dette d'argent auprès de ma banque, c'est qu'elle m'a donné de l'argent que je dois lui rendre ensuite.
Bien vu l'indien ! Qui dit dette contractée dit dette à rembourser ! Et cette dette sera remboursée à l'arrêt de l'exercice où se produisent les phénomènes inverses de ceux du début de course.
Dès lors que vous vous arrêtez, la demande énergétique retombe à son niveau de départ, 3,5 ml/min/kg d'O2. Or les fonctions cardiaques et respiratoires notamment, ne reviennent pas à leur valeur de départ instantanément : l'organisme continue de tourner à plein régime pour rembourser la dette contractée au départ.
Quelques minutes après l'arrêt, il a remboursé une bonne partie de sa dette : c'est ce que l'on appelle
la composante rapide de la récupération (1'30 après un 400m VMA vous pouvez en effectuer un autre par exemple).
Le reste de la dette sera beaucoup plus long à rembourser, d'autant plus long que l'exercice aura été intense : c'est
la composante lente de la récupération (après votre séance de 10x400m VMA, il vous faudra au moins 24 heures pour pouvoir la refaire dans de bonnes conditions).
Yannick74 a écrit:Des montres affichent même cette info maintenant.
C'est par exemple le cas du SUUNTO T6c qui es capable de mesurer la dette d'O2 contractée sur une séance et de la comparer au dernier niveau de forme qu'il a enregistré vous concernant. Il calcule ainsi l'impact de la séance que vous venez de faire et son intérêt pour vous d'un point de vue physiologique.
Ci-joint, une petite image qui vous montre la dette et son remboursement :
J'espère avoir été clair... et que vous aurez eu le courage de lire jusqu'ici !