l'importance du travail au seuil aérobie

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l'importance du travail au seuil aérobie

Messagepar aroche » 26 Avr 2012, 23:26

Le seuil aérobie , c'est quoi ?

On le détermine idéalement par l'étude du débit ventilatoire (l/mn) qui permet d'observer une première "cassure" lors d'un test d'effort, c'est cette première cassure que l'on nomme le seuil aérobie

pourquoi ce seuil ?
En simplifiant un peu à l’extrême (pardon pour les puriste en physiologie...) cette cassure du débit ventilatoire au cours de l'effort provient d'une augmentation de la production d'acide lactique qui entraîne une augmentation de la production de CO2, stimulant ainsi la ventilation.

Un peu moins schématiquement ce phénomène est due au tamponnement des ions H+ par HCO3- ...


Seuil ventilatoire ou seuil lactique ?

Les puristes auraient raison de me reprocher de ne pas distinguer le seuil ventilatoire du seuil lactique qui ce seuil avec l'intensité" d'exercice pour laquelle la lactatémie s'élève au dessus des valeurs du repos.
Si je m'autorise le rapprochement de ces deux seuils c'est parce que la plupart du temps ils sont très proches et pour une raison évidente :
l'augmentation du volume de CO2 produit par l'organisme est en lien direct à la formation des ions (bicarbonates) destinés précisément à tamponner l'acidose ...
En clair pas d'acidose pas de production augmenté de CO2 ..


A quel niveau de FC se situe donc ce seuil ?


On observe de très importantes variations
cela peut aller de 75% de sa FC max à 87% de sa FCM
ou encore de 55 à 70% de la VO2max


Pourquoi travailler sur cette zone cible du seuil aérobie 1 ?

Pour un compétiteur de longue distance et un traileur en particulier le travail au seuil 1 est essentiel

sur le plan physiologique : on développera les mitochondries

Les mitochondries sont en quelque sorte l’usine des échanges gazeux de nos cellules et donc de nos fibres musculaires (je suis très schématique...)

L'entraînement sur la zone du seuil 1 augmentera de manière tout à fait importante le nombre de mitochondries et leur volume : elles peuvent ainsi tripler voir quadrupler de volume....
Le travail sur le seuil 1 va en particulier permettrent une duplication des mitochondries situées près des capillaires ce qui aura pour conséquence une nette amélioration du potentiel de production en aérobie d’A.T.P ( notre source d’énergie , là encore je simplifie)

L'intérêt de ces effets est loin d'être négligeable car la conséquence sera un gain important du potentiel d’échanges gazeux .

On l’oublie un peu trop vite mais une augmentation de la capacité respiratoire des mitochondries aura des effets sans doute bien plus important sur le potentiel endurant d’un traileur en terme de capacité respiratoire que ce qu’il peut espérer en travaillant de manière acharnée sa consommation maximale d’oxygène !!



le seuil 1 et le développement du système sanguin
Le travail au seuil 1 favorise la circulation sanguine,
Il permet en particulier d'améliorer l' irrigation des fibres musculaires en augmentant le réseau des capillaires
C'est aussi en travaillant sur la zone du seuil 1 que l'on augmente le volume sanguin total tout en diminuant parallèlement la viscosité.
Les effets directs seront de diminuer ainsi les résistances périphériques en augmentant la pression veineuse .... ce qui conduira tout naturellement à une baisse de la stimulation du système orthosympathique ....
Un point tout à fait intéressant pour réduire les effets du stress d'une séance lactique au seuil 2 par exemple .
....d'où l'importance aussi de travailler sur cette zone du seuil 1 lorsque les tests de VFC (intervalle R-R) donne une trop forte dominance de l'activité orthosympatique au détriment du parasympathique

infos sur ces systèmes ortho et parasympathique ici :
http://www.kikourou.net/forum/viewtopic.php?f=21&t=24792

Comme d'habitude tout cela est un résumé très court de tout l'intérêt pur un traileur se préparant à un ultra à travailler TRES REGULIEREMENT sur la zone proximale de développement de ce seuil 1 .

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Re: l'importance du travail au seuil aérobie

Messagepar tidgi » 26 Avr 2012, 23:41

Merci Alain pour ces infos.

Je suis en pleine recherche d'infos suite à mon 1° test d'effort : viewtopic.php?f=21&t=24926#p521772

J'ai lu qu'en fin de test, il fallait que la conso de CO² soit > à la conso de O².
Or dans mon cas, j'ai eu VO²=35 pour VCO²=31 : pas suffisant pour cette dernière valeur ? Ce qui peut donner une valeur de VO²Max inférieure ?
Merci :wink:
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Re: l'importance du travail au seuil aérobie

Messagepar jp75018 » 27 Avr 2012, 07:51

C'est bien beau tout ça, mais comment détermine t'on SUR LE TERRAIN le seuil aérobie car tout un chacun ne peut se permettre de réaliser fréquemment un test d'effort.

Même question pour le seuil anaérobie d'ailleurs...!

Et puis, est-ce que ces seuils ne fluctuent pas en permanence dans le temps, rendant toute précision illusoire...?

Le plus simple (et le moins onéreux), n'est-il pas tout simplement de balayer toutes les allures en respectant la pyramide (grosse base d'endurance, ..., petit sommet de "vitesse") sans se poser trop de questions?
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Re: l'importance du travail au seuil aérobie

Messagepar aroche » 27 Avr 2012, 08:59

jp75018 a écrit:C'est bien beau tout ça, mais comment détermine t'on SUR LE TERRAIN le seuil aérobie car tout un chacun ne peut se permettre de réaliser fréquemment un test d'effort.

Même question pour le seuil anaérobie d'ailleurs...!

Et puis, est-ce que ces seuils ne fluctuent pas en permanence dans le temps, rendant toute précision illusoire...?

Le plus simple (et le moins onéreux), n'est-il pas tout simplement de balayer toutes les allures en respectant la pyramide (grosse base d'endurance, ..., petit sommet de "vitesse") sans se poser trop de questions?



Il faut quand même être sérieux le discours de la fluctuation des seuils et du "flou" des valeurs de ces seuils est avant l'argument de vente des adeptes de l'entrainement au feeling...qui tente avec cette affirmation d'apporter du crédit à leur vision des choses ...

Attention , je ne veux pas dire que ce mode d'entrainement "sans se poser trop de question" n'est pas efficace" .....je dis simplement que l'on a aussi le droit d'opter pour la recherche d'une autre voie pour arriver à optimiser son potentiel et donc améliorer ses performances .

Les farouches partisans de la méthode "au feeling", ceux de l'utilisation de "l'empirique" ou les adaptes du "je me défonce à chaque sortie" dénigrent avec une facilité déconcertante le principe d'affiner au mieux les plages de travail des séances spécifiques ...
Mais voilà, les faits sont têtus, à l'évidence il semblerait que les résultats obtenus par les compétiteurs choisissant la voie de la prise en compte des données physiologiques sont très généralement les plus performants ....

Voilà un test d'effort ... et l'exploitation qui peut en être faite derrière ...
test effort 2.jpg
test effort 2.jpg (67.27 Kio) Consulté 4015 fois

tableau des tableaux des cibles_1.png
tableau des tableaux des cibles_1.png (28.96 Kio) Consulté 4015 fois


Ce test correspond à un traileur qui vit en montagne et ne s'entrainera jamais sur piste donc l’étalonnage en % de VMA n'aura pas d'intérêt pour lui ( même si le test à permis de donner des valeurs de référence sur les seuils 1 et 2) .
Son travail se fera donc plutôt en terme de % de sa VMAascensionnelle sur les séances d'intensité "lactiques"

Alain
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Re: l'importance du travail au seuil aérobie

Messagepar iceberg » 27 Avr 2012, 10:11

aroche a écrit:A quel niveau de FC se situe donc ce seuil ?

On observe de très importantes variations
cela peut aller de 75% de sa FC max à 87% de sa FCM
ou encore de 55 à 70% de la VO2max


ce seuil est intéressant car il correspond à l'allure compétition (environ 80% fcm en trail long)....j'ai bon ?
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Re: l'importance du travail au seuil aérobie

Messagepar aroche » 27 Avr 2012, 21:03

iceberg a écrit:
ce seuil est intéressant car il correspond à l'allure compétition (environ 80% fcm en trail long)....j'ai bon ?


Attention , cela est quand même tout à fait à géométrie variable !!!!
tout d'abord qu'entend -on par trail long ?

Un coureur expérimenté ayant travailler de manière très structurée la filière de sa glycolyse sans négliger pour autant le travail en aérobie strict pourra tenir largement les 85% de Fc max sans accumuler de manière exponentielle les lactates

Exemple d'une tenue au seuil 2 ( 92% de la Fc max de Christophe) pendant 1h 40
(alors un trail de 1h 40 est-il un trail long ? ...)
christophe trail.png
christophe trail.png (188.43 Kio) Consulté 3899 fois


ou encore 5h sur 85% de Fc max avec Jean Marc sur le trail du granona

gravona.png
gravona.png (176.2 Kio) Consulté 3899 fois
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