par Vince88 » 02 Mars 2022, 12:11
C'est une vraie bonne question que tu poses, dont je n'ai pas la réponse, et pourtant j'ai fait cet enchainement l'an dernier.
Je pense que ça passe mais c'est au cas par cas suivant tes forces, tes faiblesses, et ce que tu connais de toi...
Le mien de cas est peut être un peu particulier, mais en gros mon histoire est la suivante. A toi de pondérer par ton expérience et ton physique...
J'ai bouclé 4 semaines de congés pour optimiser la fraicheur avant l'Utmb, les deux semaines de récup avant le Tor, puis le Tor.
Je suis arrivé sur la ligne de départ de l'utmb beaucoup moins fort physiquement que ce que j'avais pû l'être par le passé, pour tout un tas de mauvaises raisons, (globalement en payant une "lassitude psychologique du trail entre mi 2019 et mi 2021, et mes habitudes d'entrainement les soir fortement contrariées par les couvre feu). Par contre, dans la tête, plus costaud que jamais, c'est mon 5eme Utmb (et le dernier vu les modifs de condition d'inscription), donc je suis en terrain connu, mon objectif est seulement d'en profiter. Beaucoup de montagne et surtout un gros gros off en 2020 m'avait donné une confiance à toute épreuve.
Dans la descente sur les Houches, je comprends de suite que je suis quand même loin de mes références physique, et dans la descente sur Courmayeur je sais que je vais m'assoir sur ma précédente marque en 32h et qq, ou même mon objectif en 35h.... Effectivement, je traverse une portion dure psychologiquement et physiquement jusque Champex car je ne suis pas à mon physique que j'ai connu. Puis je retrouve une connaissance et sympathise avec une autre personne et je termine tranquillement avec eux en 40h30, en ayant quand même pris un peu de plaisir mais avec la désagréable sensation d'avoir bâclé le travail et fait l'imposteur.
Je me repose un max dans l'intermède avant le Tor, sieste obligatoire tous les après midis. Là, c'était la course que je n'avais jamais fait et qui me faisait rêver depuis très longtemps. J'ai bien compris que physiquement je n'étais pas là et que j'allais devoir jouer petit. Mais je n'en ai pas si peur, pas mal de lecture et échanges sur le sujet m'avait démystifié l'affaire et le fait d'avoir fait plus du double de km sur un off l'an passé m'avait donné un moral et une confiance inébranlable.
Dès le 3eme col, je sens que j'ai le pied qui se pose lourdement et que ma vitesse ascensionnelle n'est pas du tout là. Je m'y attendais vu la raclée prise sur l'Utmb et j'accepte de réduire encore ma vitesse, me mettre largement en dedans et bien en dessous de ce à quoi j'aurais pû prétendre.
Ca me rendra chafoin sur toute la course de "gâcher" ce tor qui me faisait rêver depuis si longtemps par mon impréparation physique, mais d'un autre coté, je ne doute pas, je reste maitre de ma course, de ma gestion aux bases vies, de ma gestion des aléas de course et de mes habituels problème d'alimentation... J'ai repris depuis l'Utmb une fraicheur qui me permet de dérouler sans problème mon plan de sommeil (1ere nuit blanche puis 1h de dodo à chaque petit matin).
Bon, ça c'était jusque un peu avant Oyace... Dans la descente de la fenêtre de Tsan, je sens bien qu'un muscle me lâche dans la cuisse. Puis dans la descente sur Oyace, c'est la vraie blessure, 4h de descente pour 1200m de déniv, je n'arrive plus du tout à prendre appui sur ma jambe gauche. C'est grâce aux encouragements du senator Arsim rencontré là et à ceux de mes proches que je ne sombre pas à Oyace et reprend la rage qui me permet de pousser jusque Ollomont pour me faire strapper intégralement la jambe en extension, ce qui me permet de ramper jusque la ligne d'arrivée en 133h, avec une vilaine blessure que je trainerais jusque janvier de cette année...
Avec le désagréable sentiment de ne pas avoir pleinement profité de la course, mais piqué au vif dans mon amour propre, j'ai retrouvé la rage pour courir !
Voila, si tu as un peu d'expérience, de force et de sagesse intérieure ca passe. Et mieux si physiquement tu arrive au top et accepte d'être parfois en dedans car le plus gros risque est pour moi la blessure par la fatigue.
Un ami à bouclé PTL + Tor, dans un chrono très honorable, mais n'est pas passé loin de la blessure également sur le final. Et je connais de loin d'autres personnes ayant fait cet enchainement l'an dernier.