Kikourou.net

Hello à tous,

Je fais figure d'ovni dans ma famille du fait de ma pratique du trail et je fais régulièrement l'objet de questions et remarques du style :

Un 10 km ok mais un marathon c'est déjà pas normal alors ce que tu fais..
L'homme n'est pas fait pour ça.
Tu vas avoir de l'arthrose assez jeune...
Tu vas faire une crise cardiaque...
Tu verras tes genoux dans quelques temps...
100 km c'est pour les voitures pas pour être couru à pied...

Ils sont tous peu ou non sportif.
Certains sont même médecins.
Bref j'ai pris pour habitude de ne jamais en parler et de simplement répondre aux questions.
Je ne débat même plus ni ne réagit aux remarques mais à la longue ça m'épuise car le sujet revient à quasi chaque repas

D'autres sont ils concernés ?
Comment réagissez-vous ? Des astuces ?
Certains ont ils vu le regard, l'opinion de leur entourage évoluer avec le temps ?

Bonnes courses et merci pour vos témoignages !

Petit témoignage, mes proches se sont "calmés" quand je leur ai montré que je savais abandonner, ne pas prendre trop de risque, être à l'écoute.
Donc abandonner peut être utile

Je n'en parle pas, je réponds à peine aux questions.
J'ai horreur de me justifier(quelques soient les sujets d'ailleurs) encore plus auprès de personnes qui ne pratiquent pas (ou très peu de sport)
A une époque, on ne me parlait que des mes ultras et j'en ai eu marre d'être réduit à ça. Donc depuis maxi discrétion

Idem,
J'explique qu'il appartient à chacun de trouver son plaisir, mais pour soi en priorité, le regard des autres est secondaire.

Idem, je suis discret, peu de gens savent tout ce que je fais, pas grand monde peut comprendre.
Pas besoin d’être applaudi après chaque course. J’ai fini hier un ultra de 120 bornes, même as 10 personnes le savent.
En cas de critiques ou inquiétudes, je leur cite des copains de mon âge qui sont loin d’être dans mon état de santé, et ça, grâce au sport.
Oui, le sport, c’est bon pour le corps.
Je leur montre des photos d’endroits où je ne serai jamais allé sans le trail.
Et le plus important, c’est pour l’esprit, la quiétude, c’est idéal pour l’équilibre mental.
Et pour finir, dis leur: Tu devrais essayer

De mon côté ils sont habitué maintenant. J'ai eu aussi des remarques sur l'état potentiel de mes genoux plus tard mais je répond qu'il n'y aura peux être jamais de plus tard.
Comme Bigpat c'est pour mon bien être mental que j'y voit le plus de bénéfice autant pour ma vie perso que pro. D'autres fume ou mange trop ou boivent pour faire face.

Idem, ce n'est pas un secret, mais si j'en parle c'est sans rentrer dans les détails. Pour la plupart de mes amis, qui ne sont pas ou peu sportifs, ils savent que je cours, mais pensent que au plus ce sont des marathons. Et ils trouvent déjà que c'est complétement délirant de faire 42km...

Je leur dis parfois qu'un 10 km peut être plus traumatisant qu'un ultra
Quand tu pars à fond et que tu accélères progressivement avec le cardio coincé entre le rouge et le rouge foncé.... Un ultra à mon niveau c'est une rando-course dans laquelle on est en permanence à l'écoute du corps.
Autant sur un [semi] mararhon on peut se mettre très mal avec des "allez, dans 2.5kmil y a un épongeage, je continue encore un peu" autant sur un ultra quand on sait que le prochain ravito est derrière le col, dans 4 à 5h, qu'il fait nuit et qu'il pleut... bin on n'insiste pas forcément sur une mécanique bien entamée.

samontetro a écrit:...un 10 km peut être plus traumatisant qu'un ultra ... avec le cardio coincé entre le rouge et le rouge foncé...

Ca, ça n'est pas un 10km, c'est un 800m !

Dans l'ensemble, je suis d'accord avec vous. Mais quand je lis "... Un ultra à mon niveau c'est une rando-course dans laquelle on est en permanence à l'écoute du corps..." C'est bien, mais beaucoup pensent être à leur écoute, et j'en connais qui ont fini dans un rouge carmin, voire à l'hosto.

N'y avait-il pas un sujet amusant du forum sur les hallucinations?

Donner à ses proches le lien vers le fil ci-dessus, peut assurément les rassurer. OK je

Les hallucinations font partie intégrante de l'ultra! Ça tient compagnie la seconde journée... parce que les copains sont moins bavards après 24h de course (sauf Toto38)!
Je n'ai d'ailleurs jamais compris pourquoi c'était essentiellement pendant la journéée qui suit la première nuit blanche et plus rarement ensuite....

pas de famille, pas d’amis, pas de soucis.

ilgigrad a écrit:pas de famille, pas d’amis, pas de soucis.

On a retrouvé Xavier Dupont de Ligonnès !!!

Au taff, cela se sait, force l'admiration mal placée de quelques uns et j'en parle un peu ce qui m'évite de parler de toutes les autres facettes de ma vie privée

ilgigrad a écrit:pas de famille, pas d’amis, pas de soucis.

Non mais c'est quoi ce délire ilgigrad ? Courir pendant des heures c'est pas humain ça! Et tu ne t'arrêtes même pas dans un hotel pour dormir ou prendre une douche ? J'hallucine! Ça doit être la crise de la xxxaine (je te laisse compléter). Un jour tu verras, l'arthrose te rappellera à l'ordre!

juste un petit condensé cadeau gratuit pour toi , je voudrais pas que ça te manque

Et pour ceux que ce discours peine (moi ça me laisse indiférent depuis le temps ) j'ai trouvé:
- 1 ostéo qui me dit "ben pour avoir courru 32h d'affilée t'es même pas trop en vrac!"
- 1 médecin qui dit à sa stagiaire en me regardant "Bah, un ultra-traileur c'est du costaud, on va le laisser guerrir tout seul avec un peu de doliprane"
- 1 podologue qui dit par anticipation aux coureurs que je lui envoie (pour l'instant j'ai pas besoin de semelles) "Bon, ces semelles si vous pouviez les tester sur une sortie de moins de 80km la première fois ce serait peut être pas mal"
- 1 épouse qui me dit "tu devrais aller courir 5 ou 6h, ça te détendra de ta semaine de boulot"
etc...
Elle est pas belle la vie ?

samontetro a écrit:- 1 médecin qui dit à sa stagiaire en me regardant "Bah, un ultra-traileur c'est du costaud, on va le laisser guerrir tout seul avec un peu de doliprane"

Des pieds au nombril, Nifluril (en suppo, comme ça on abuse pas, sauf pour les gourmand(e)s, et faut vraiment être motivé(e) pour en prendre en course).
Du nombril au crâne, Doliprane.

NRT421 a écrit:

samontetro a écrit:- 1 médecin qui dit à sa stagiaire en me regardant "Bah, un ultra-traileur c'est du costaud, on va le laisser guerrir tout seul avec un peu de doliprane"

Des pieds au nombril, Nifluril (en suppo, comme ça on abuse pas, sauf pour les gourmand(e)s, et faut vraiment être motivé(e) pour en prendre en course).
Du nombril au crâne, Doliprane.

Abasourdi je suis, découvrant que le dopage sévit également chez les traileurs, au su de tous. Je comprends désormais mes difficultés à entrer dans le premier tiers des classements.

Comme certains, seule une mini tripoté de proches sont au courant de mes pérégrinations.
Au boulot ma participation à un "marathon" a fuité un jour, on me demanda mon temps et je laissais circonspect un collègue éloigné en annonçant mes 6h30 (il y avait 3200 de D+) :"ah (il a couru celui de Paris en 3h50 et quelques), c'est pas mal..." Je dois passer depuis pour le plus nul coureur de la région à ses yeux.

Côté boulot, je ne pourrai jamais me plaindre de mes collègues ! Dans ce vieux récit de 2009 et qui a eu les honneurs du tome 1 du livre Kikourou je leur rendait hommage:

Eux qui me traitaient de fou quand entre midi et deux j'allais m'entrainer au lieu de manger, eux qui se demandaient comment on peut aimer courir pendant plusieurs dizaines d'heures au milieu de nulle part, ils m'envoyaient rejoindre les autres fous, dans cette course ou le titre de fou se mérite.

Oui, mes collègues de boulot m'ont envoyé courir la diagonale des fous. Vous imaginez ?
Avoir des passions différentes n'empêche pas de les partager: certains font de la lutte, d'autres du vélo, d'autres de l'escalade, d'autres de la musique.... ceux qui s'offusquent ne seraient ils pas ceux qui n'ont pas de passion ?

samontetro a écrit:. ceux qui s'offusquent ne seraient ils pas ceux qui n'ont pas de passion ?

J'ai souvent fait ce constat également et, a contrario, c'est beaucoup plus facile d'échanger et de partager avec ceux qui ont une passion, même si nos passions respectives n'ont rien à voir. Depuis 10 ans, je jette toujours un oeil sur les GP motos parce que c'est la passion d'un ancien collègue de boulot et lui s'intéresse aux courses dont je lui parle.

philippe.u a écrit:

NRT421 a écrit:

samontetro a écrit:- 1 médecin qui dit à sa stagiaire en me regardant "Bah, un ultra-traileur c'est du costaud, on va le laisser guerrir tout seul avec un peu de doliprane"

Des pieds au nombril, Nifluril (en suppo, comme ça on abuse pas, sauf pour les gourmand(e)s, et faut vraiment être motivé(e) pour en prendre en course).
Du nombril au crâne, Doliprane.

Abasourdi je suis, découvrant que le dopage sévit également chez les traileurs, au su de tous. Je comprends désormais mes difficultés à entrer dans le premier tiers des classements.

Comme certains, seule une mini tripoté de proches sont au courant de mes pérégrinations.
Au boulot ma participation à un "marathon" a fuité un jour, on me demanda mon temps et je laissais circonspect un collègue éloigné en annonçant mes 6h30 (il y avait 3200 de D+) :"ah (il a couru celui de Paris en 3h50 et quelques), c'est pas mal..." Je dois passer depuis pour le plus nul coureur de la région à ses yeux.

d'ou la nécessité de bien expliquer ce qu'on fait.
100d+ = 1km ça permet de recentrer le débat.

La meilleure défense c'est l'attaque, courir est bon pour les genoux

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2556152/

samontetro a écrit:Je leur dis parfois qu'un 10 km peut être plus traumatisant qu'un ultra
Quand tu pars à fond et que tu accélères progressivement avec le cardio coincé entre le rouge et le rouge foncé.... Un ultra à mon niveau c'est une rando-course dans laquelle on est en permanence à l'écoute du corps.

Courir 10 bornes au taquet de sa VMA n'a rien de traumatisant pour un coureur normalement entrainé par rapport à un ultra où tout ton corps va morfler, pendant et après l'effort.

Ce n'est pas mon vécu Colargol73. Je me souviens de mon premier UTMB bouclé en 32h et après quelques heures de sommeil je montais au glacier des Bossons avec sac à dos et mon jeune fils sur les épaules avec une facilité qui m'avait déconcerté.Je me souviens d'un 10km ou d'un semi-marathon au plat où le lendemain j'avais les jambes tellement dures que je parvenais difficilement à marcher...
Par contre si tu parles en temps de récupération pour être à son meilleur niveau oui je suis de ton avis. Un jour Hémérodrome m'a dit "1 jours de récup [active] par heure de course" et je trouve que ce n'est pas loin de la réalité pour avoir suivi une fois ma récupération après un ultra: je surveillais l'évolution de mon poids (j'avais perdu une grosse poignée de Kg), de mon hydratation et de mon taux de graisses et c'est ce dernier qui a mis très longtemps à revenir à ce qu'il était avant la course.
Mais clairement j'ai eu bien souvent plus mal après une course "courte" et très intensive qu'après un ultra-trail.

idem pour moi, j'ai beaucoup plus de douleur après un 10km à fond qu'un 80 lent.

samontetro a écrit:... je surveillais l'évolution de mon poids (j'avais perdu une grosse poignée de Kg)...

Si j'avais perdu une poignée de kg sur le GRR, ça aurait fortement inquiété mon entourage !!! (67kg pour 1.88m)

je pèse 54kg en début d'ultra, j'en pèse 51 à l'arrivé... (1m72).
cela ne m'inquiète pas... c'est mon poids de forme...

Ok, OK les moineaux! Moi je suis plutôt "canard" avec près de 90kg dans les starting-blocks