Puisque vous insistez... mon récit de l'EB 2018
La fin de la descente et la longue arrivée sur Val Pelouse se fait complétement de nuit, avec la brume qui empêche la lampe de bien éclairer. Et là, c’est le début du festival des hallus.
Les cailloux commencent à me regarder avec des yeux toujours plus nombreux, puis ils prennent des formes étranges : scream, têtes de dessins animée etc… Il y a des inscriptions dessus que je peine à déchiffrer.
J’imagine Val Pelouse comme un village avec une pelouse pour arriver. Le ravin sur le côté commence à se transformer à la lueur de ma loupiote en aimable prairie. Les conifères deviennent toute sorte d’arbres fantastiques, les rochers se transforment en chalets. Ça y’est je pense que j’ai inventé le Val Pelouse de Heidi, celui dont je rêvais pour me poser. Je veux vite pouvoir dire que j’ai fumé Val Pelouse, mais les psychotropes sont trop puissants, le voyage continue vers le Pontet.
Tes souffrances ne sont pas finies, et ton cerveau va continuer à te faire voyager. Tu veux être finisher ? Il va te falloir passer dans le monde parallèle, la matrice de la forêt enchantée que tu vas looonguement traverser avant de rejoindre le Pontet.
Ça fait déjà un moment que je n’adresse plus la parole aux cailloux. Ils me fatiguent à me parler comme ça, si fort, alors que je ne rêve que de calme et de silence. Ça fait un moment aussi que les fanions orange réfléchissants de balisage du parcours se sont transformés, à la lueur de ma frontale, en danseuses de flamenco, en marionnettes rouges de toutes les formes avec des chapeaux pointus, en cônes de signalisation routière, ou en personnage de Harry Potter dansant au vent et prêts à jouer une partie endiablée de Quiddish.
Petit fanion... attends la nuit pour réfléchir!
J’ai accepté que si les fanions réfléchissaient, il fallait que j’arrête de penser pour laisser mon esprit librement divaguer et libérer mes jambes.
Je suis seul. Xavier a résisté à l’attraction terrestre et est en train de décrocher la lune.
Je suis le hobbit des bois du Pontet. Un décor fantastique défile autour de moi. Je ne sais plus si je rêve ou si je suis vivant. Je découvre un magnifique château miniature à mes pieds, avec des chevaliers sculptés dessus et plein de merveilleux dessins en couleur sur un fond couleur d’albâtre. Il y en aura tout le long. Je me dis qu’une école a dû décorer ce chemin avec des enfants très talentueux.
J'hallucine...
N’y tenant plus, je m’approche à moins d’un mètre d’une de ces merveilles pour admirer de près ces traits ciselés… pour m’apercevoir au dernier moment que les chevaliers battent en retraite et le château de cartes s’effondre : ce n’était que la souche d’un arbre déchiqueté par le vent.
Je me console vite en voyant un petit ravito sauvage sur le côté de la piste. Plusieurs trailers sont là, ils ont une bière à la main. Je vais enfin pouvoir me mettre bien, car je suis seul depuis peut-être une heure. Je m’approche de ce ravito qui me parait irréel tellement je l’ai rêvé, puis qui me parait un rêve totalement irréel au moment où je le dépasse et il se transforme d’un coup en un vulgaire tronc d’arbre. Je souris, et attends la prochaine rencontre.
Une dame m’attend, assise sur un tronc d’arbre. Elle va me remonter le moral et faire retomber mes absences. Mais cette dame s’absente. Elle peuple mes rêves uniquement. Je suis libéré de mon esprit qui est parti en ballade à l’autre bout de mes rêves. Sur des courses, il faut aussi savoir poser le cerveau. Les hallucinations de la 2ème nuit pourront t’y aider.