DidierC a écrit:Daidou a écrit: (aïe aïe quand les Africains s'y mettrons)
Bof, à mon avis il se prendront des vents par un mec comme Jornet. il suffit pas de courir vite pour être très bon en trail, il faut une connaissance des sentiers, de la montagne, que seule des années d'expérience du terrain donne. Le Kilian ça fait 15 ans qu'il crapahute en altitude sur tous les types de terrain.
Pour étayer ce que je dis il y a 3 ans à l'ancien trail de Verbier (Verbier ultrarun), il y avait un Kenyan en 2h 13 je crois au Marathon, il a été largement battu par V.Delebarre...et encore la course était peu technique je crois...
Débat récurrent ou redondant (vous en avez pas marre de récurer?) : mais que feraient donc les kenyans en trail ?
Sur très grand fond, on n'en sait rien : pas de densité de l'élite, et tant qu'il n'y aura pas de sous ni de notoriété >>> toujours pas de densité. Qu'on mette des ronds et on aura des gens venus de partout qui tenteront leur chance. Dans le lot il y aura des gens capables d'inquiéter ou de battre Jornet.
C'est encore plus vrai sur les épreuves où il n'est pas certain qu'il soit le meilleur mondial (km vertical on l'a vu récemment, Sierre-Zinal, Wyatt semble meilleur).
Le trail classique, c'est de la course à pied en montagne. Ca obéit à des lois. Il faut des qualités physiologiques, puis du travail, bcp de travail sans doute parce que c'est très souvent technique.
Pourquoi un Kenyan en 2h13' (qui soit dit en passant n'est pas un temps extraordinaire au marathon pour un kenyan) débarquerait sur la planète trail pour y faire la loi d'entrée, alors qu'il n'y gagnera pas forcément sa vie (moteur de pas mal de vocations kenyanes)...
On peut raisonner à l'inverse. Jornet est très probablement un marathonien à 2h10 qui s'ignore.
Maintenant quand on me dit les Kenyans à 2h06' (une bonne trentaine d'individus de ce pays ont fait un jour ce chrono voire plus) ne passeraient jamais la montagne et ses difficultés, je me pourlèche le clavier.
Quelle montagne déjà?
Celle de Corse ? Pardi ! Lorblanchet, champion du monde, a toutes les peines du monde à battre Jean-Paul Battesti sur ses terres !
Celle des Templiers ou celle de l'Ardéchois? C'est déjà nettement plus roulant. En s'y entrainant 6 mois, douze mois, ou meme 24, sur les trente kenyans, tu en trouverais deux ou trois qui finiraient par imposer leur loi. Je sais, ce sont des suppositions.
Faisons un constat historique pour étayer ce raisonnement de la densité comme outil de mesure des valeurs de perf.
Feue la RDA a souvent été présentée comme un repère à "dopés", mais on oublie assez vite que c'était surtout une usine à fabriquer du champion. On commençait très tôt et on amenait des gens à maturité capable de se distinguer dans toutes les disciplines (la RDA devint meme championne olympique... de foot). Les Japonais copièrent le modèle (je ne vous ferai pas le plan de la contrefaçon asiatique) et bien que réputés "petits", ils devinrent champion olympique ou du monde (désolé, envoyez wikipédia) de... volley-ball ! Qui ne se souvient de "Nékoda" le roi de la passe courte !
En ce qui concerne les kenyans, on sait qu'ils sont entraînés ... par d'anciens entraineurs allemands de l'Est. On raconte que l'entraineur de Cierpinski, modeste coureur de 3000 steeple, mais qui remporta la Coupe du Monde de marathon et deux titres olympiques (meme si les boycotts l'aidèrent très vaguement)fait partie du lot.
Pour dire quoi ?
Le jour où on aura décidé que le trail, c'est l'Eldorado sportif, des "Allemands de l'Est" bronzés ou pas, viendront manger dans la gamelle au Jornet. C'est pas de la science-fiction, c'est ce qu'on appelle une très très forte proba.
