Quelques-uns d'entre vous connaissent l'ultra Méga toff, splendide relais inutile en France et une partie de l'Europe, par relais de 43 km au minimum. Je viens de réaliser mon relais en vallée de Chevreuse, une vraie merveille.
Des photos là:
http://picasaweb.google.fr/courvraimenpavix/UMT2008 Mon petit récit:
Quelle mouche m’a piqué ? Quelle mouche nous a piqué ?
Traverser une partie de l’Europe en relais de plus d’un marathon chacun en quasi non-stop, qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige, souvent en solitaire … quelle idée saugrenue ! Saugrenue, mais bien sympathique. Donc je m’y colle. Mon relais est à prendre des mains d’Ysolo à St Arnoult en Yvelines le 16 avril à 6h et je dois le confier à l’Electron 6 heures plus tard au Perray. Entre les deux, je fais ce que je veux, du moment que ce soit de la course à pied et que cela dure pus de 43 km.
Tope-là ! Je me concocte un parcours trail de 44 km et 800m de dénivelée qui emprunte sur sa deuxième partie un gros morceau du fameux Trail de la Vallée de Chevreuse. Je m’en réjoui d’avance, la région étant superbe.
Réveil à 4 heures et demi. Je me jette sur un site météo pour m‘apercevoir avec délectation qu’on annonce du soleil pour toute la journée. Ravi, je ne prends même pas la peine de vérifier la température. Olivier, fidèle de chez les fidèles, arrive à la maison. Il a choisi de m’accompagner au départ pour prendre quelques photos et parce qu’il trouve ce relais bien sympa.
En rejoignant la voiture, je me dis qu’il fait un peu froid … ce qui est confirmé par la présence de givre sur le pare-brise (-2°C). D’ailleurs, arrivés devant l’église de St Arnoult, nous retrouvons un Ysolo frigorifié après sa nuit de course (il est accompagné de Dominique et son fils, la démarche de Dominique témoigne qu’il a activement participé à l’UMT). Je regrette de n’avoir ni gant ni veste chaude. Heureusement, j’ai mes manchons de cycliste qui me serviront de gants de fortune.
Quelques photos pour la transmission du fanion, je laisse Yves conduire la voiture à l’arrivée de mon relais (merci encore, Yves !) et Olivier m’accompagne pendant quelques centaines de mètres, marchés dans le noir. Il me laisse aux limites du village et je me lance dans la forêt obscure, uniquement éclairé de ma frontale. Le noir est plus profond que ce que j’avais imaginé, le terrain est plein d’ornières et de boue profonde. Ma première heure est très ralentie par l’état du terrain. Il faut bien avouer que seul dans le noir, au fond d’une forêt inconnue dans un froid bien piquant, je ne suis pas particulièrement à l’aise.
Je choisis un petit rythme, je ne suis pas venu pour me fatiguer, les premiers objectifs importants de l’année commencent à approcher. Soudain, une silhouette furtive traverse le chemin devant moi : un chevreuil fuit je ne sais quel danger. Un petit moment sympathique dans cette fin de nuit un peu angoissante.
Heureusement, les prémisses du jour dessinent peu à peu les silhouettes des arbres. Un petit matin blafard découvre un sous-bois qui s’ébroue à peine de l’hiver. Les clairières sont blanchies par le givre, une petite brume ajoute à l’ambiance … et brusquement, l’angoisse fait place à la sérénité. Je suis bien, je trouve à ce moment ce que je recherche. Le plaisir de la course s’allie à la présence d’une nature superbe. Les zones sablonneuses offrent des chemins souples mais exempts de boue. Ils sont faits pour courir ces sentiers ! Les vallonnements se succèdent variant les plaisirs.
Je reçois quelques coups de fil d’encouragement qui ajoutent au côté sympathique de l’affaire. Régulièrement, je pense à ce fanion qui a déjà vécu tant de petites aventures. C’est fou comme ce petit bout de drapeau crée un lien invisible mais bien présent entre tous ces coureurs qui ne se connaissent pas mis qui sont unis dans ce projet.
Le passage auprès d’une vieille ferme me rappelle une ancienne rando en haute Ardèche. Il faut se pincer pour se rappeler que je ne suis qu’à quelques km de la maison.
Dans les champs, je débusque des faisans dont deux superbes mâles dont les couleurs chatoyantes égayent le paysage. J’atteins la mi-course. Je tourne à 9 km/h environ, ce qui, compte-tenu des passages boueux et des côtes à franchir me convient parfaitement. Les jambes tournent bien et le temps est franchement au beau. La température a monté. Bref tout est parfait, d’autant que j’arrive sur la partie la plus belle : les Vaux de Cernay. Je vais passer 20 km sur les sentiers du Trail de la vallée de Chervreuse. Que des bons souvenirs ! Je suis en plein soleil, je longe le splendide étang des Vaux de Cernay quand Stéphane (runstephane) m’appelle pour m’encourager. Lui, il court pour attraper son RER ! Bondiou, que je suis bien où je suis ! Merci l’UMT !
Je retrouve l’endroit où j’avais laissé Le Sanglier à son triste sort l’an dernier, il vivait un moment difficile de sa course en haut d’une côte sableuse sévère. Je ne croise qu’un trio de forestiers en plein entretien de la zone. Seuls êtres humains croisés depuis 3h30 que je cours.
Je me perds u peu au niveau du ravitaillement du TVC, mais retrouve le fil de ma ballade. Un faisan me bouche le passage sur un monotrace. Va-t-il m’attaquer ? On croirait presque. Il se détourne négligemment de mon chemin quand je suis à 2 mètres de lui. J’ai le temps de le prendre en photo puis je reprends ma course. Le faisan me suit … peut-être attendait-il que je lui donne une poignée de maïs ! La chasse doit être un sacré sport dans le coin, avec ce gibier apprivoisé !
Au-delà du 30ème km, les douleurs commencent à apparaître au niveau des jointures. Le marathon de Paris n’est pas bien loin. Mais l’expérience de l’ultra me sert à maintenir le rythme. Je sais qu’en retrouvant de la souplesse dans ma foulée, je peux continuer à courir sans avoir forcément souffrir plus que plus lentement. Je prends quelques photos au passage, dont une très belle vue de l’abbaye des Vaux de Cernay.
Je reconnais la fin du TVC, je suis à Auffargis. Plus que 6 ou 7 km pour rejoindre l’Electron. Je devrais être à l’heure si je maintiens mon allure. Un dernier étang à contourner et e voilà à la gare du Perray où je rejoins Michel assis sur un banc dans un square environnant. 5h43 de course parfaite. Je sens un peu mes articulations, mais ne suis pas très fatigué. Une belle sortie longue, apte à me préparer aux gros défis de l’année, dont le principal, la traversée intégrale des Pyrénées.
La transmission du témoin est une dernière occasion de se sentir intimement lié à la grande chaîne amicale des UFOs. Michel se lance pour sa propre étape et moi je rentre plein de félicité retraversant les vallées que je viens de parcourir de fond en comble.
Merci à l’UMT, à ses initiateurs et à ceux qui contribuent à cette belle promenade au cœur de la France et de l’Europe.