par titebistouille » 03 Juil 2015, 10:32
A la demande générale de Twix2run tout seul, voici donc mon récit (pardonnez moi j'ai peu d'expérience dans le domaine de la rédaction de CR) :
Départ dimanche 21 juin de la gare du Havre, quelques correspondances jusqu’à Chamonix mais rien d’extraordinaire.
Mon sac est là, je ne le quitte pas… Je refais le contenu dans ma tête, balaie mes listes de matériels plusieurs fois.
J’arrive à Chamonix en milieu d’après-midi, le temps est au grand beau, direction l’hôtel. En attendant le diner une ballade s’impose pour découvrir le centre ville, les boutiques portent le nom des plus grandes marque de la montagne Millet, Salomon, The North Face…
Diner sympathique et retour à l’hôtel pour séparer le matériel entre les deux sacs : le sac à dos qui sera transporté de refuge en refuge ou hôtel et le sac de trail avec le matériel de rando. Le rendez vous n’est fixé qu’à 10h au pied du téléphérique de la Flégère aux Praz de Chamonix demain matin.
Le bus est bondé, il y a les lycéens et puis il y les randonneurs. C’est fou le nombre de randonneur, d’alpinistes que l’on croise à Chamonix, vous me direz « c’est ça la montagne ». Et puis il y a aussi les Kamikazes, ces « vététistes » harnachés de protections qui descendent en bombe à flanc de montagne sur des pistes que j’aurais du mal à prendre en ski !
10h, le contact de chez Altitude Mont Blanc arrive, prend mon sac et me souhaite bonne journée ; ça y est c’est parti !
Le téléphérique me dépose, en route pour le Lac Blanc (1h45 sur les panneaux). Quelques photos, le paysage est magique, énorme, magnifique ! Quelques pauses pour me situer sur la carte, tout va bien je me repère assez vite et facilement sur le tracé par rapport à la carte. Après une heure, c’est le lac blanc ! Ca y est je m’enflamme, je suis un cabri… je vais peut être mettre moins des 6h quotidiennes annoncées pour faire mes étapes… l’organisation avait raison, j’aurai dû le faire en 4 jours ce TMB ! Photos du Lac Blanc…
Je redescends direction le Col des Montets et tombe nez-à-nez avec des chamois, photos… et je repars. Le road-book fourni par AMB est parfaitement détaillé, je ne rencontre aucune difficulté. Je devrais arriver au Col des Montets mais le sentier descends toujours, je traverse un jardin botanique superbe et arrive aux abords d’une route perplexe… ben oui le Col des Montets est cette route, car un col est un passage entre deux montagnes espèce de couillon que je suis. Il peut être sur un sentier, une route… direction Col des Posettes puis Col de Balme. La descente vers Trient est assez longue mais voici que je suis accueilli par des tintements de cloches qui forment une mélodie de leurs sons différents les uns des autres, petite vidéo…
Trient, l’hôtel est là, nous serons 5 dans ce dortoir de 8 personnes. Diner avec d’autres randonneurs dont certains ‘voyagent’ avec AMB. Nous discutons ensemble, je leur explique mon tour et l’étape de demain. Leur guide me fixe et me dit « Tu sais ce que tu fais ? Tu va prendre Arpette demain seul avec la météo qu’ils annoncent ? » Moment de solitude…
De toutes façons je n’ai pas le choix je n’ai conservé que cette option sur mon road-book, je ne saurais pas y aller autrement à moins de potasser mes cartes ce soir pour définir un nouvel itinéraire. Il ne m’a pas rassuré l’ami !
Le lendemain matin, petit déj copieux et départ vers le refuge de La Peule via Champex-Lac, La Fouly sous la pluie. La montée vers la fenêtre d’Arpette se fait le long du Glacier du Trient, il fait froid, enfilage des gants et de la polaire sous la goretex. J’ai encore de la chance car je croise des bouquetins… photos
« Au fait, tu te prends toujours pour un cabri ? Ca grimpe bien là hein ?!... ouais c’est bon je me suis légèrement laissé griser, on ne m’y reprendra plus ! » L’arrivée à la Fenêtre d’Arpette après de longues heure de montée est un soulagement et un moment incroyable à la fois : que c’est beau ! Car entre-temps la pluie a cessé et le soleil est là. Seule ombre au tableau les détritus laissés en quantité sous le gros rocher témoignage de la bêtise humaine ! La descente vers le Chalet d’Arpette s’annonce compliquée car il reste beaucoup de neige sur le versant est. J’avance à tâtons avec mes bâtons, après de bonnes glissades et quelques frayeurs j’arrive au bout de cette épreuve et retrouve un sentier. Petite pensée pour le guide. Chalet d’Arpette, Champex-Lac, Praz de Fort, Prayon, La Fouly, Ferret. Toute cette partie me parait longue, très longue si bien que je m’aperçois que je ressens une gêne à l’entrecuisse. « Oh ce n’est pas grave avec tous les patelins que je vais traverser je trouverai bien une pharmacie ». Ce que ne n’avais pas encore compris c’est que deux trois bâtiments suffisent à ce que l’on nomme un lieu-dit dans ce pays, donc pas de pharmacie sur le chemin ! J’arrive au Refuge de La Peule avec soulagement et l’appréhension de découvrir l’étendue des dégâts.
J’ai une trousse de soin très fournie, traitement des diarrhées, des ampoules, maux de tête, … mais rien pour les irritations, pourtant je sais ce que c’est cela m’arrive souvent sur du long malgré la NOK… quel crétin ! Par chance j’ai deux serviettes de toilettes fines et de l’élasto, je protège donc les zones irritées avec ces pansements de fortune.
Alors là faut que je vous parle du diner : la croute au fromage ! C’est le genre de plat dont tu te dis que tu ne le finiras jamais tant il est copieux et gras mais que tu finis sans sourciller ! Et puis l’hôtesse qui te propose du rab, le poêle en bois qui chauffe la pièce, les uns avec leur carte sur la table en train de regarder l’étape du lendemain…
J’ai passé une belle nuit, fraîche celle-ci (deux gros édredons sur le dos !), au milieu des alpages. Le lendemain le petit déjeuner est tout aussi copieux que le repas du soir. J’embarque quelques tranches de pain pour la route car les étapes s’avèrent être longues pour le cabri Normand que je suis !
Dès le début c’est l’ascension vers le Grand Col Ferret, encore quelques passages dans la neige, bien tassée et glissante. Purée deux furets me coupent la route, « qu’est ce qu’ils sont gros les cochons ! ». Ils s’arrêtent un peu plus loin, « Ce sont des Marmottes bougre d’andouille ! Rooo j’ai honte de moi…» La vue depuis le Grand Col Ferret est splendide, photos… Plus bas ce sera le refuge Elena, le fameux refuge Elena… pause thé ! L’accueil y est sympathique, le cadre agréable. Allez c’est reparti, d’autant que mes irritations se font sentir de plus en plus au point que je commence à me fermer et perdre en plaisir. A Courmayeur je trouverai sûrement une pharmacie ! Arnouva, La Vachey sont des coins très jolis mais la gêne est omniprésente et cela devient franchement désagréable de me déplacer, je n’y suis plus et ne pense qu’à joindre Courmayeur et trouver une pharmacie. Sécheron, Armina, La Lèche, pause déjeuner au refuge Bertone (des pâtes forcément). Allez plus que quelques kilos et je serai à Courmayeur ! 14h je suis devant une pharmacie de Courmayeur, elle n’ouvrira qu’à 15h30 ! Que Faire ? Attendre, grimper le Col Chécrouit et regagner le refuge Monte Bianco ? Oui mais à quelle heure arriverai-je ? Ou bien zapper la pharmacie ? Tant pis pas de soins ce soir, je referai des compresses avec ce que j’ai. La montée vers le Col Chécrouit et la resdescente vers le refuge vont me prendre deux bonnes heures, les derniers instants furent très longs tant je n’avais que ces satanées irritations en tête. Refuge Monte Bianco, un dortoir de 4 personnes, une douche. L’heure du repas est toujours l’occasion de discuter avec les uns et les autres, et ce coup ci on me met encore en garde quand à mon étape de demain (Col de la Seigne – Ville des Glaciers – Col des Fours – Col du Bonhomme – Les Contamines Montjoies), « Il y a beaucoup de neige au col des Fours, il te faut être équipé car tu en auras pour quelques heures dans la neige » me disent deux hommes qui font le tour en sens inverse ; « Le mieux est de descendre jusqu’aux Chapieux et remonter au Col du Bonhomme pour contourner le Col des Fours » me dit un autre. Le souci c’est que n’ayant pas trouvé de pharmacie je ne serai pas capable de rajouter 2 à 3h à une étape qui m’en prendra au moins 9 à 10h. « Alors saute l’étape et mets à profit ce temps-mort pour te soigner ». Un échange plus tard avec AMB il est convenu que la personne en charge du transport des bagages m’emmènera et me déposera à la fin de la prochaine étape afin que j’y trouve une pharmacie et me soigne.
Arrivé à l’hôtel, soulagé de quelques euros à la pharmacie du coin je m’applique du tulle-gras et bande mon entrecuisse. La journée a été longue car si mon étape était d’environ 30 bornes il faut faire mille détours en montagne pour rallier Les Contamines Montjoies. La personne avec qui j’ai voyagé était très intéressante, en gars du pays il m’a décrit et expliqué tout ce que je voyais. Je l’en remercie car c’était une journée d’abandon pour moi…
Quelques compresses de tulle gras et quelques applications de Bépantène plus tard je me lève pour la dernière étape, joindre les Houches (récupération du sac au téléphérique du Prarion avant 16h15). Et pour changer ça monte sec dès le départ, traversée des contamines Montjoies en partant à gauche face à l’église pour regagner la forêt direction Le Truc puis Miage et le Col du Tricot. Je suis repassé sur des versants plus vert et moins abrupts que du côté Italien. Le Chalet du Truc passé la descente vers Miage commence, j’ai le Dôme sur ma droite ; quel tableau ! photo… Miage n’en est pas moins charmant, petit village entourée de montagne et en face Le Tricot. Je zigzague entre les biquettes, en jetant parfois un œil à droite, à gauche pour guetter un éventuel chien mais rien. La montée au tricot est éprouvante et c’est un soulagement que d’arriver en haut ! Là encore une vue splendide s’offre à moi. La descente me mène à la passerelle de Bionassay, bouchons ! Eh oui les uns et les autres se font prendre en photo sur la passerelle, bloquant le flux et au milieu de tout cela les guides font les gendarmes pour gérer le nombre de personnes présentes sur cette passerelle en agitant leurs bras. photo… Quelques instants plus tard le téléphérique me descend aux Houches, mon TMB est terminé.
Ai-je le temps de grimper Le Brévent, de pousser jusqu’à La Flégère pour redescendre à Chamonix avant d’attraper mon train ? Le tout avec mon paquetage complet (plus de portage prévu) ?
Je me suis fait plaisir, tant au niveau des yeux que de la tête et du cœur. Même si mon tour n’est pas intégral, que j’ai sauté une étape, j’ai découvert la randonnée en montagne et je suis heureux, je suis bien. Je vais donc aller faire les boutiques pour mes enfants, pour ma femme qui m’a permis cette ballade. Je vais prendre une douche à l’hôtel qui m’accueilli avant de commencer. Et puis aussi et surtout, je vais assister à la fête car c’est le weekend du Marathon du Mont blanc : départs du km vertical, arrivées du 80km (Sébastien Chaigneau et la 1ère féminine)
Ce fut une très belle expérience malgré quelques regrets, des souvenirs qui resteront à jamais gravés en moi. Vivement le prochain !
Merci à tous ceux qui m'ont aidé, de leur conseil, avis, soutien...